Comment l’intelligence artificielle générative peut jouer en défaveur des carrossiers

Comment l’intelligence artificielle générative peut jouer en défaveur des carrossiers

Si les carrosseries utilisent de plus en plus l'IA pour chiffrer des réparations, les assureurs le font également. Problème, ces derniers ne prennent pas forcément en compte le taux horaire et le temps de travail des professionnels.

© Alloccasions

Déjà présente dans le secteur au sens large, l’intelligence artificielle apporte son lot d’innovations en matière de sécurité de conduite mais également d’efficacité dans les ateliers. La FNA s’inquiète pourtant des problèmes qu’elle pourrait engendrer à certains professionnels de l’après-vente automobile. 

Vous ne vous en étiez peut-être pas rendu compte, mais l’intelligence artificielle (IA) générative – celle ayant la capacité de créer, au contraire de l’IA faible – est déjà fortement présente dans les véhicules modernes. Au-delà des voitures disposant d’un mode de conduite autonome avancé, on la retrouve dans le fonctionnement de l’ensemble des systèmes d’aides à la conduite. L’activation du freinage lorsqu’apparaît un obstacle, ou encore le maintien dans la voie sur autoroute sont parmi les exemples les plus connus d’intervention de l’IA générative. Cette dernière trouve progressivement sa place dans les métiers des services de l’automobile, et c’est ce dont s’inquiète la FNA, le syndicat représentant les entrepreneurs artisans du domaine. Alors que l’Autorité de la concurrence terminait une consultation publique sur le sujet, la FNA a alerté sur les risques de l’IA générative dans son secteur.

De nombreuses IA faites par et pour les carrossiers

Si l’Autorité de la concurrence a décidé de s’autosaisir de cette thématique, c’est également parce qu’elle estime que le secteur de l’intelligence artificielle générative devrait représenter un chiffre d’affaires annuel de plus 200 milliards d’euros d’ici à 2030. En guise de comparaison, il atteindrait les 42 milliards d’euros en 2023. Certains ateliers mécaniques utilisent déjà de l’IA faible pour organiser leurs plannings – en fonction des disponibilités et des compétences de chacun, par exemple – et la carrosserie en particulier s’intéresse de près à l’IA générative. Nous avons déjà illustré cela avec plusieurs exemples : le spécialiste Carviz propose de l’utiliser pour détecter les potentiels vices cachés d’un véhicule d’occasion ; même chose mais avec des portiques chez ProovStation ; de son côté, WeProov Fleet permet d'anticiper les réparations ; quand le fabricant de cabine de peinture Omia a lancé Damage Detection, un outil numérique de diagnostic des défauts de carrosserie, etc.

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Quand l’IA des assureurs pervertit le travail en carrosserie

Mais il arrive que ces mêmes technologies jouent contre eux. Lorsque l’intelligence artificielle générative est mise au service des carrossiers, comme des concessionnaires de véhicule d’occasion, l’application est pensée pour, et souvent, par eux et leurs partenaires. Sur le marché de la réparation collision, les relations entre les donneurs d’ordre – représentés par les compagnies d’assurance – et les professionnels de la carrosserie sont parfois tendues. Les choses ne devraient pas s’améliorer avec l’IA générative. La FNA a ainsi choisi d’illustrer son inquiétude par un exemple réel : les experts automobiles missionnés par les assureurs utilisent de plus en plus souvent des IA pour analyser les travaux de réparation. Cela permet de déterminer le coût des pièces, celui de la main-d’œuvre ainsi que le temps pour réaliser l’opération. Tous ces éléments chiffrés sont ensuite pris comme argent comptant par les assurances.

Problème, les tarifs et le temps estimés par l’intelligence artificielle sont bien souvent inférieurs à ceux pratiqués par les carrossiers. Ces derniers ont alors deux solutions : soit ils dépassent le montant affiché par l’IA, auquel cas l’assuré doit prendre en charge le surplus et probablement faire ensuite part de son mécontentement ; soit ils font une croix sur leur rentabilité mais aussi sur la précision de leur travail en effectuant la réparation plus vite. Les acteurs de la gestion des sinistres veulent, sans aucun doute, baisser le prix de la facture et ainsi avoir à rembourser une somme moins importante à leurs clients. « L'IA reste une aide à la décision et c'est pourquoi il est primordial de replacer l'humain au cœur de sa maîtrise », appose dans un communiqué Marie-Françoise Berrodier, la présidente de la branche Carrosserie à la FNA.

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La FNA transmet ses recommandations aux autorités

Se positionnant en « lanceur d’alerte » sur le sujet, le syndicat a également souligné auprès de l’Autorité de la concurrence les détails omis par la réglementation européenne « AI Act » sur l’impact que ces technologiques peuvent avoir sur le droit à la concurrence et les relations avec les assurances. « Toute la programmation de l’IA générative doit tendre à concilier la précision du geste pour obtenir une réparation de qualité, avec le temps nécessaire pour l’exécuter et le coût réel pour y parvenir », espère Marie-Françoise Berrodier. La FNA souhaite qu’un cadre législatif complet soit adopté, permettant entre autres la transparence des algorithmes utilisés et une collaboration entre les parties prenantes. Autrement dit, prendre en compte les contraintes des professionnels de l’après-vente automobile.

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