Fin du thermique en 2035 : vers un scénario catastrophe ?

Fin du thermique en 2035 : vers un scénario catastrophe ?

Au regard des ventes actuelles de BEV, le risque de voir le marché automobile s’effondrer en 2035 est réel.

© Alexis Goudeau / L'Automobile & L'Entreprise / ETAI

Bien que certaines voix s'élèvent pour contester l'interdiction de vente des modèles thermiques neufs dans dix ans, cette fronde s'explique par un marché de l'électrique encore peu dynamique, face à une technologie qui a du mal à convaincre les acheteurs. De là à imaginer un scénario catastrophe et une apocalypse commerciale et industrielle…

Pour les constructeurs automobiles, le basculement vers l’électrique semblait avoir atteint un point de non-retour. La transition énergétique à marche forcée se heurte pourtant à la réalité du marché automobile. Car si la Chine, la Californie et la Norvège affichent leur appétence pour les véhicules électriques grâce aux aides à l’achat, les contraintes d’utilisation interpellent sur la rationalité d’une telle technologie.

Résultat, décorélée des subventions étatiques, les modèles BEV pèsent aux alentours de 12 % des VN (exception faite là encore de la Norvège et de la Chine, ou des bons élèves européens comme le Danemark et les Pays-Bas), deux fois moins en Italie et en Espagne.

Rappelons qu’en 2035, les modèles hybrides et PHEV seront interdits également à la vente. En prenant en compte les voitures thermiques essence et diesel, qui représentent encore une vente sur deux, le marché du véhicule neuf au regard des chiffres actuels perdrait donc plus de 85 % de ses volumes.

Des limites de production

Face à un tel Armageddon, Luca de Meo, président de l’ACEA, tout comme Carlos Tavares, CEO de Stellantis, semblent appeler à un retour à la raison. Une fin du thermique à laquelle ne croient pas non plus les flottes révèle aussi le Baromètre des Flottes et de la Mobilité 2024 de l’Arval Mobility Observatory.

À quelques semaines des prochaines élections européennes, la parole se libère. Le parti de centre droit au Parlement européen, le PPE (25 % des sièges), se dit même déterminé à revoir l’échéance de 2035.

Entre réalité commerciale et politique, la question se pose aussi de la capacité à disposer des ressources nécessaires. Car la décision européenne suppose de basculer une production de 18 millions de voitures neuves en Europe, du thermique à l’électrique. Certes, de nouvelles gigafactories à l’image de la Vallée de la batterie dans les Hauts-de-France voient le jour chaque année, mais elles supposeront des quantités de métaux rares (lithium, graphite, nickel, cobalt) sans commune mesure comparée aux besoins actuels.

Des contraintes de coûts et d’usage

De plus, sans les aides à l'achat, l'électrique révèle une certaine réticence des acheteurs pour ce type de motorisation. Par exemple, l'Allemagne a connu une baisse de 29 % de ses ventes de BEV le mois dernier. Les constructeurs ne sont pas les seuls à être touchés par le doute, les marchés financiers le sont également, comme en témoigne l'échec de l'entrée en Bourse d'Ampère, la filiale électrique de Renault. Les perspectives ne semblent pas favoriser une démocratisation à grande échelle des voitures 100% électriques.

Certes, l’arrivée de modèles premiers prix à partir de 20 000 euros pourrait redynamiser le marché. Mais ces nouveautés ne lèveront pas les contraintes d’usage, d’autonomie, de coûts de réparation, d’assurance ou bien d’obsolescence technique. Autant d’éléments qui alimentent un risque de krach du marché automobile en 2035.

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