L’équipementier Forvia a dévoilé ses résultats financiers pour l’année 2023. Les ventes sont en hausse et en accord avec les objectifs de désendettement. Il faudra néanmoins une importante restructuration de sa masse sociale pour assurer sa pérennité. Autrement dit, supprimer des postes d’ici à 2028.
Sur le papier, les résultats financiers de Forvia pour l’année 2023 semblent être plus que corrects. Les ventes connaissent une croissance organique de 14 %, soit une performance de 430 points de base – centièmes d’un pourcent –, sa marge opérationnelle croît également et son flux de trésorerie atteint les 649 millions d’euros. L’entreprise née du rapprochement en 2022 de Faurecia avec l’industriel allemand Hella prévoit donc un chiffre d’affaires compris entre 27,5 et 28,5 milliards d’euros en 2024. En 2023, il a été de 27,248 milliards d’euros. Ces chiffres n’empêchent pas Patrick Koller, directeur général de Forvia, de présenter l’année passée comme « contrastée. » La forte inflation, les taux d’intérêt et les variations de change ont été défavorables. Car il convient de rappeler que l’entreprise est considérablement endettée.
Suppression de postes : tous les sites Forvia seront concernés
« Nous avons respecté notre priorité première : la poursuite du désendettement de la société après l’acquisition de Hella. Nous avons réduit notre dette nette de près d’un milliard d’euros sur l’année, grâce à la combinaison d’une forte génération de trésorerie et de la finalisation du premier programme de cession d’un milliard d’euros lancé mi-2022 », poursuit dans un communiqué Patrick Koller. Le directeur général a annoncé son intention de déployer le projet « EU-Forward » au cours des cinq prochaines années. Il devrait « renforcer la compétitivité et l’agilité de nos activités en Europe et atteindre une rentabilité nettement supérieure », précise-t-il. Dans le détail, le programme sera surtout l’occasion de réduire la masse sociale de Forvia en Europe.
Spécialisé dans l’éclairage, les habitacles ainsi que les systèmes d’échappement, le groupe français accuse notamment une dépendance du marché chinois, où il réalise 27 % de ses ventes. Le projet « EU-Forward » doit permettre de rapidement réduire l’endettement de Forvia mais aussi et surtout de renforcer sa compétitivité. Cela passera par la suppression quasi certaine de près de 10 000 emplois d’ici à 2028, soit 13,25 % de la masse sociale totale de l’entreprise à fin 2023. Les 75 500 salariés sont principalement répartis dans des usines françaises, allemandes, polonaises, tchèques ou encore espagnoles. Tous les sites seront concernés, mais « pas de la même manière », a averti le directeur financier Olivier Durant lors d’une conférence de presse.
Retour des dividendes après deux ans de suspension
« On doit s'assurer de limiter les recrutements au nécessaire, gérer le volant de flexibilité que nous avons à travers nos sous-traitants. Notre industrie bouge régulièrement et nous savons ajuster nos capacités industrielles », a poursuivi Olivier Durand devant les journalistes de l’AFP. Les négociations de départ commenceront à être effectuées dès ce lundi avec les organisations syndicales de Forvia. Du côté des investisseurs, la direction du groupe a proposé un dividende de 0,50 euro par action. Une première après deux ans de suspension des paiements. Ce montant inférieur à la politique de dividende devra être étudié lors de la prochaine assemblée générale ordinaire, qui se tiendra à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 30 mai.
Les économies attendues grâce au projet « EU-Forward » devraient atteindre les 500 millions d’euros en base annuelle en 2028. D’après les prévisions, cela permettrait également de rééquilibrer le mix régional du groupe, la zone EMEA représentera théoriquement 35 % du résultat opérationnel du groupe d’ici à quatre ans. Car il convient de préciser que Forvia réalise environ 46 % de ses ventes dans la région EMEA, mais que celles-ci ne participent qu’à hauteur de 22 % au résultat opérationnel. Le projet « sera soutenu par la volonté d'accélérer le déploiement de l'intelligence artificielle au sein du groupe, en vue d’optimiser les investissements et les coûts de R&D ainsi que le management des programmes, tout en maintenant un niveau élevé de technologie et d’innovation », conclut Patrick Koller.