Une étude réalisée par le spécialiste américain de la gestion des véhicules Solera a dévoilé qu’à modèles équivalents, la réparation d’une voiture électrique est bien plus coûteuse par rapport à sa version thermique. L’exemple donné ici concerne le Hyundai Kona, un SUV qui propose – au choix –, les deux motorisations.
Les voitures électriques ont la réputation d’être plus fiables que leurs versions thermiques. Pas de vidange d’huile, pas de remplacement des filtres, pas de vérification de l’état du pot d’échappement etc… Sur le papier, ce sont d’importantes économies garanties. Le fait de ne quasiment pas recourir au freinage promet également un remplacement moins fréquent des plaquettes, bien que ce ne soit pas forcément la meilleure des nouvelles. Mais le sujet n’est pas là. Le spécialiste américain de la gestion des véhicules Solera a publié en novembre 2023 une étude poussée sur les véritables différences de coût de réparation avec des voitures électriques. On ne parle donc pas d’entretien, mais bien de savoir quelle sera la facture finale – par rapport à un modèle thermique équivalent – lorsqu’il s’agit de réparer, par exemple après un accident ou une collision.
Afin d’obtenir des résultats fiables, l’entreprise texane s’est basée sur les données globales obtenues dans une vingtaine de pays. Il s’agit d’informations brutes liées à différents sinistres à travers le monde, comprenant à la fois les coûts ainsi que le détail des pièces remplacées. Environ 92 000 dossiers avec des devis de réparation ont ainsi été étudiés entre janvier 2021 et août 2023. Solera a choisi de baser son analyse sur un modèle très précis, en la personne du Hyundai Kona. Deux raisons à cela. La première est qu’il s’agit d’un SUV disponible, au choix, avec une motorisation thermique ou électrique. La seconde est que la marque coréenne « est reconnue par l’industrie comme capable d’innovations exceptionnelles » ; le Kona ayant d’ailleurs été salué l’année passée par le jury du magazine de référence Car and Driver aux Etats-Unis.
Des coûts de réparation 29 % plus élevés
Maintenant que nous avons les explications, fournies par le vice-président des relations industrielles mondiales et des ventes en Amérique du Nord de Solera, Bill Brower, passons aux résultats. Ces derniers conviennent qu’à l’échelle mondiale, les coûts de réparation d’un véhicule électrique sont 29 % plus élevés que ceux de leurs versions thermiques. Cela s’explique notamment par un coût des pièces détachées supérieurs de 48 % à celui des modèles à combustion interne. De fait, les batteries haute tension, l’unité de commande de ces dernières, le câblage ou encore le système de recharge sont autant d’éléments extrêmement coûteux à remplacer après un accident. Il est d’ailleurs intéressant de constater que les airbags conducteurs ont été remplacés plus fréquemment sur les électriques que sur les thermiques (8 %). Nous y reviendrons.
Le poste de dépense le plus coûteux est donc, sans surprise, celui lié aux systèmes des batteries, devant l’éclairage. Les analyses montrent également que les pare-chocs arrière sont plus souvent remplacés sur les véhicules électriques. « Nous avons constaté, pendant que nous réalisions l’analyse, qu’il y a eu 3,1 fois plus de réparations sur le Kona électrique », appose Clint Ory, ingénieur commercial en Amérique du Nord. Le rapport doit permettre « d’offrir un tout premier aperçu des éléments clés qui déterminent les coûts de réparation d’un véhicule électrique par rapport au thermique », félicite John Helahi, responsable de l’analyse des données chez Solera. De fait, ces dernières peuvent être utiles à l’industrie pour améliorer leurs activités dans l’automobile électrique.
Le poids comme principale explication ?
Si les coûts de réparation sont donc nettement plus élevés (+29 %), l’étude montre aussi des points positifs concernant les véhicules électriques en réparation. « La fréquente des réclamations sur la responsabilité collision et dommages matériels est nettement inférieure par rapport aux voitures thermiques », constate de son côté Matt Moore, vice-président du Highway Loss Data Institute (HLDI), qui précise avoir ajusté ces données en fonction du kilométrage de chaque voiture. Lui assure qu’il y a moins de déclarations de sinistre avec les véhicules électriques, bien que la gravité de ces dernières soient généralement plus importante. Cela s’expliquerait par le poids des voitures à batteries. « C’est physique, plus le véhicule est lourd, plus il y a de force lors des collisions et donc plus de dégâts », précise Matt Moore. Ce qui justifie indirectement le fait que davantage d’airbags soient remplacés.
Avec cette étude couvrant vingt pays, Solera espère que les résultats « puissent contribuer à fournir des informations importantes pour faire avancer l’industrie. » De fait, la transition vers la voiture électrique continue de s’effectuer à rythme soutenu. Le fait que des constructeurs se tournent vers des modèles populaires et donc théoriquement plus accessibles oblige à prendre en compte ces différences de tarifs au moment d’effectuer des réparations. Cela n’empêche néanmoins pas de rappeler que sans collision, pas de dommages à traiter. Et toujours aucune vidange d’huile à réaliser. Les fameuses économies.