Alors que les véhicules électriques gagnent du terrain, la question cruciale de la sécurisation des matériaux des batteries émerge. L'industrie s'oriente de plus en plus vers le recyclage comme solution prometteuse, une tendance déjà bien établie en Chine. Cependant, les États-Unis et l'Europe sont à la traîne. Une récente étude du Boston Consulting Group met en lumière ces disparités, soulignant également les opportunités lucratives le long de la chaîne de valeur du recyclage des batteries.
Alors que les véhicules électriques continuent de conquérir le marché, représentant potentiellement 40 % des ventes mondiales d'ici 2030, la nécessité de sécuriser les matériaux composant les batteries devient une préoccupation majeure. L'industrie mise de plus en plus sur le recyclage des batteries comme solution. Du point de vue économique, il s'agit d'une idée convaincante si elle est mise en œuvre à grande échelle.
Actuellement, seule la Chine possède une industrie du recyclage développée. Elle a mis en place des mesures depuis 2018 et continue d'encourager le développement d'un réseau de points de collecte et d'usines de recyclage pour gérer une avalanche anticipée de batteries épuisées au cours des prochaines années. Les directives gouvernementales concernant les objectifs de récupération sont plus élevées qu'en Europe.
Selon une estimation du cabinet d’études Boston Consulting, qui a réalisé une étude à ce sujet, la Chine a maintenant la capacité de recycler plus d'un demi-million de tonnes de batteries par an. Les États-Unis et l'Europe sont à la traîne, avec seulement environ 200 000 tonnes de capacité.
Dans son étude, le Boston Consulting Group met en lumière la croissance mondiale de la capacité de recyclage des batteries, avec plus de 20 entreprises annonçant des projets de partenariats au cours des deux dernières années. À titre d’exemple, le groupe minier Eramet a créé une usine pilote au sein de son centre de recherche de Trappes (Yvelines).
Recycler avec les déchets de production dans un premier temps
La demande de matériaux devrait plus que doubler entre 2025 et 2030 en raison d'une forte augmentation des ventes de véhicules électriques, alors que les batteries ne sont généralement pas mises au rebut avant 10 ans d'utilisation, voire plus. Ainsi, la plupart des matériaux disponibles pour le recyclage seront des déchets de production jusqu'en 2035. La part de matériau recyclé disponible par rapport à la demande totale restera faible tout au long de la décennie (environ 16 % d'ici 2035). Au-delà de 2035, des volumes substantiels de déchets post-consommateurs (provenant de batteries mises au rebut) dépasseront les déchets de production en tant que source la plus importante de matériau secondaire.
L'étude évoque également les opportunités le long de la chaîne de valeur du recyclage des batteries, mettant en évidence la récupération des matériaux comme le maillon le plus rentable, malgré des barrières à l'entrée élevées. Les entreprises sont encouragées à former des écosystèmes en boucle fermée, en s'engageant dans des partenariats stratégiques pour garantir l'approvisionnement en matières premières et optimiser l'efficacité.
Un impératif stratégique
L'adoption proactive du recyclage des batteries est présentée comme une impérative stratégique pour l'industrie automobile. Pour les constructeurs, la création de chaînes d'approvisionnement circulaires durables est cruciale, tandis que les recycleurs traditionnels peuvent ouvrir de nouvelles voies d'activité et d'innovation. « Le marché du recyclage représente une opportunité significative pour les entreprises cherchant à rester compétitives dans une industrie en pleine transformation vers l'électrification » conclut l’étude. Attention toutefois aux incertitudes et les risques associés, tels que l'évolution des technologies de cellules, les risques réglementaires, les avancées dans les processus de recyclage et la volatilité des prix des matières premières.
