Carlos Tavares pense que la stratégie de Renault n'est pas la bonne.
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Le patron de Stellantis ne pratique pas la langue de bois quand il s’agit d’analyser le marché automobile et la concurrence croissante des constructeurs chinois dans le domaine des véhicules électriques. Dans une interview accordée à Boomberg le 1er février, il partage son point de vue sur le groupe Renault et pense que la séparation des activités thermiques et électriques était une décision peu judicieuse.
L’offensive chinoise provoquera une vague de concentrations
Dans une interview accordée au média Bloomberg le 1er février, Carlos Tavares, CEO de Stellantis, souligne d’abord que l’offensive des constructeurs automobiles chinois est telle « que la consolidation viendra et qu’elle mettra le monde occidental dans une situation délicate ». Il exprime des regrets, réitérés à plusieurs reprises, concernant la politique de l'Union européenne qui, selon lui, favorise l'essor des marques chinoises en éliminant progressivement les moteurs thermiques. Cette transition vers la mobilité électrique devrait entraîner une vague de fusions et d'acquisitions.
Stellantis ne s’interdit pas de grossir encore
À la question de savoir si Stellantis envisage de réaliser de nouvelles acquisitions, le dirigeant répond sans ambages que « l’ampleur de l’offensive change la donne par rapport au plan Dare Forward 2030 établi il y a trois ans ». Et d’ajouter : « Les entreprises qui ne se sont pas préparées à cet impact vont, de mon point de vue, être en difficulté. Ce qui signifie que nous devons être en forme et que nous devons être prêts. Si ces opportunités devaient se concrétiser, alors nous voulons faire partie de cette consolidation ».
« Je respecte le courage de Renault, mais… »
À une question concernant la décision du groupe Renault de ne pas introduire en bourse sa filiale électrique Ampere, Carlos Tavares répond « qu’il respecte le courage du constructeur de faire quelque chose de très différent ». Expliquant toutefois que « le manque d’échelle est toujours un problème. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles je regarde ce qu'ils font, parce que c'est rafraîchissant et parce que je peux apprendre de toutes les bonnes choses qu'ils feraient. Cela pourrait être pour moi une source d'inspiration pour les choses que nous pourrions faire nous-mêmes ».
Une erreur de séparer les activités rentables des non-rentables
Même si le groupe Renault est une source d’inspiration, le dirigeant de Stellantis avoue sa surprise de stratégie « old and new » à travers la séparation des activités électriques avec Ampere et le thermique avec Horse.
« Ma pensée est exactement le contraire », déclare-t-il à Bloomberg. « Nous avons besoin d'une seule équipe qui place l'entreprise dans une seule direction avec la pleine échelle et la pleine puissance. Parce que ce qui va financer l'électrification, c'est la rentabilité des ICE. Donc, si vous coupez ce qui est rentable et que vous isolez ce qui n'est pas rentable, comment pouvez-vous financer ce qui n'est pas rentable dans le monde où les taux d'intérêt sont élevés ? »
Se préserver du « bain de sang » dans le domaine du véhicule électrique
Pour rappel, il y a quelques semaines lors de la présentation de la plateforme STL Large, Carlos Tavares rappelait déjà que l'électrification était un danger pour les constructeurs occidentaux. Comparant encore cette électrification à une « période darwinienne » où la raison du plus fort l'emporte, Carlos Tavares a expliqué qu'il souhaitait « se tenir à l'écart d'un bain de sang » qu'il prédit dans cette guerre des prix dans le domaine des véhicules électriques. Par ailleurs, le dirigeant de Stellantis a souligné une corrélation significative entre « la réduction des coûts et la diminution des émissions de CO2 ». Cette interrelation permet d'investir dans de nouvelles technologies visant à protéger l'environnement.
