Alors que la mise en place des zones à faibles émissions pourrait entraîner la mise au rebut prématurée de millions de véhicules diesel, la start-up Greenolis propose de les convertir au GPL. Un bénéfice pour l'environnement qui pourrait également venir en aide aux automobilistes incapables d'investir dans un véhicule plus récent.
L'association "40 millions d'automobilistes", dirigée par son délégué général Pierre Chasseray, a effectué un recensement alarmant : d'ici 2025, la moitié du parc automobile français pourrait être affectée par la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE) dans 43 villes françaises. Cela concernerait plus de 13,4 millions de voitures particulières classées Crit’Air 3, 4, 5 ou non classées. Pierre Chasseray s'inquiète également de devoir ajouter, à plus long terme, 14,2 millions de voitures particulières classées Crit’Air 2.
Face à cette situation, de nombreux propriétaires seront contraints de vendre leur véhicule pour en acquérir un autre, plus récent et compatible avec les zones à faibles émissions. Cependant, tous ne pourront pas se permettre une telle opération malgré les aides financières proposées par les régions et l'État en faveur de l'électromobilité. Quelles alternatives s'offrent donc à eux ?
Pour aider la moitié de ses adhérents à sortir de cette impasse, l'association a décidé de promouvoir la solution du rétrofit gaz "Rétrogaz" de la start-up Greenolis, créée en 2020 par Iphigénie Kameni, ancienne collaboratrice de Renault et Stellantis dans le secteur de l'après-vente.
L'hybridation Diesel - GPL
Le procédé Rétrogaz propose de convertir les véhicules diesel et essence à l'hybridation GPL (gaz de pétrole liquéfié) avec un dispositif reconnu par l'Ademe et le ministère de la transition écologique. Cette hybridation permet d'obtenir la classification Crit’Air 1, évitant ainsi la mise au rebut de véhicules parfaitement opérationnels.
Le coût de cette opération se situe entre 3000 et 4000 euros, incluant la pose du kit, une somme bien inférieure à l'achat d'un véhicule d'occasion classé Crit’Air 1, qui nécessiterait un investissement minimal de 10 000 euros, selon Pierre Chasseray. De plus, l'économie générée sur les dépenses de carburant (40 %), malgré une légère surconsommation de 15%, permet d'amortir la pose en 5 ans, souligne le délégué général.
Un réseau de garage MRA en cours de constitution
L'installation du kit est effectuée par un garage partenaire de Greenolis qui prévoit de constituer un réseau s'appuyant sur des MRA. La fondatrice aspire à avoir au moins un atelier dans chaque ville concernée par les ZFE, avec un premier partenariat établi avec le garage Cars Parts Unique situé en Seine-et-Marne (77). La procédure de conversion nécessite actuellement une semaine d'immobilisation du véhicule, avec la moitié du temps consacrée au montage et le reste à la certification sécuritaire par la Drire, avant la délivrance du certificat de réception à titre isolé et de la carte grise.
Bien que cette solution semble prometteuse, reste-t-elle industrialisable à grande échelle ? Iphigénie Kameni affirme pouvoir convertir 1000 véhicules par mois et par centre, avec un projet d'opérer des conversions en série, par vague de modèles, avec le soutien des collectivités pour mettre en place l'infrastructure nécessaire, « un peu à l'image d'une vague de vaccination Covid », décrit-elle. La Drire serait également présente sur place pour certifier en série les véhicules convertis.
Intensifier le réseau de distribution de gaz
Enfin, en cas de généralisation de cette opération et de l'arrivée sur les routes de millions de véhicules roulant au gaz, la question de la distribution se pose. Actuellement, seulement 1700 stations distribuent du gaz, soit une sur sept. Iphigénie Kameni rassure en affirmant avoir rencontré des acteurs tels que Vitogaz, France Gaz Liquides et Total, qui assurent que la distribution ne sera pas un obstacle majeur.
Le kit Rétrogaz se compose d’un réservoir torique de 45 litres, pouvant être logé dans la roue de secours, offrant une autonomie en gaz de 400 km. Il inclut des soupapes, des injecteurs, des électrovannes, un détendeur et un calculateur d’injection additionnel. L'hybridation s'effectue en injectant 60 % de gaz et 40 % de gasoil. Les composants sont fabriqués par des entreprises européennes, principalement italiennes.
