
C’est sur le très stratégique thème de la déontologie que l’ANEA (syndicat des experts) a souhaité débattre dans le cadre de son 9e congrès, qui s’est tenu ce vendredi. En ouverture de la manifestation, son président Philippe Ouvrard a d’emblée insisté sur la nécessité absolue qu’ont les experts de se doter d’un règlement officiel de déontologie comme les professions libérales règlementées que sont par exemple les avocats ou encore les médecins.
Car, si surprenant soit-il, les experts, pourtant sous la tutelle du ministère des Transports, ne profitent pas d’un Code de déontologie réglementaire validé par décret par le Conseil d’État. En France, seule une vingtaine de professions est encadrée légalement par un tel Code d’exercice du métier. L’ANEA se lance donc aujourd’hui au sein de la CFEA (Confédération française des experts en automobile) dans une grande réflexion qui devrait mener à la mise en place reconnue de ce Code, qui prendrait le relais de la charte professionnelle existante mais peu influente légalement à ce jour.
Souder et structurer la profession
Ce Code de déontologie devrait servir les intérêts d’une profession chahutée et soumise à de nombreuses pressions. Il devrait reprendre les aspects moraux, éthiques et réglementaires de l’expertise majoritairement au service de la sécurité.
Au travers de ce Code à venir, l’ANEA souhaite renforcer la valeur identitaire d’un métier souvent méprisé. Il devrait être le contre-pouvoir des pressions économiques qui rongent l’indépendance de l’expert. Près de 50 % d’entre eux avouent écorner parfois leur déontologie pour satisfaire une mission. Et 60 % de la profession déclare qu’avoir une posture déontologique ne lui profite pas. Preuve, s’il en faut, que l’expertise n’est pas une profession franchement reconnue et respectée.
Ce Code devrait, de plus, structurer et souder une profession qui manque de corporatisme. Son élaboration devrait être suivie de la mise en place d’une commission disciplinaire officielle qui n’existe pas aujourd’hui. Celle-ci devrait voir le jour au sein de la CNEA (Commission nationale des experts en automobile) comme l’a souligné Ludovic Guillaume, sous-directeur de l’action interministérielle à la délégation à la sécurité et à la circulation routières.