
L’audit commandé par la Direction des infrastructures de transport du ministère à NiBuxs et IMDM, des bureaux d’études suisses, est consacré à l’état du réseau routier national non concédé, c’est-à-dire aux 12 000 kilomètres d’autoroutes et de routes nationales gérées par l’État, qui concentrent 18,5 % du trafic français. Cette étude, conduite entre octobre 2017 et février 2018, se penche également sur la politique d’entretien des routes avec des conclusions accablantes. On peut y lire que 17 % du réseau présente aujourd’hui un état de dégradation plus ou moins important et que 7 % des autres infrastructures (ponts, tunnels) nécessitent des travaux de rénovation.
Rappelons qu’en 2015, déjà l’association 40 millions d’automobilistes, alertée par ce mal, lançait l’opération participative « J’ai mal à ma route » en invitant les usagers à signaler sur Internet les voies les plus dangereuses de l’Hexagone. Il existe désormais une application pour smartphone.
Les auteurs de l’audit, qui constatent un sous-investissement chronique en matière d’entretien routier, proposent une étude testant cinq scénarios budgétaires sur vingt ans, dont l’un correspond au cadre défini pour 2018-2023, à savoir 800 millions d’euros par an. En clair, pour que les routes restent praticables, l’État va devoir payer environ un milliard d’euros par an jusqu’en 2037.
Les ponts routiers aussi en état inquiétant
En ce qui concerne les ponts routiers, l’enquête est particulièrement inquiétante, puisqu’elle explique qu’« aucun scénario ne permet le maintien de l’état actuel du parc d’ici vingt ans. » En effet, à l’heure actuelle, sur les 12 000 ponts que compte le réseau national non concédé, un tiers nécessite des réparations. « En France, un pont par jour disparaît de la liste des ponts sécurisés » indique Christian Tridon, du Syndicat des entrepreneurs spécialistes des réparations et du renforcement des structures.
Tous les professionnels de la route attendent la loi d’orientation des mobilités, qui devrait être présentée en Conseil des ministres à la rentrée, puis sa traduction budgétaire dès la loi de finances pour 2019, comme l’a indiqué le ministre des Transports, Élisabeth Borne.