
Dix mois après MMA, avec sa solution Self Car(e), c’est au tour de GAN Assurances de lancer, en phase de test, l’application mobile PixAuto développée par Sidexa. Cette dernière donne la possibilité au consommateur de prendre lui-même les photos d’un « petit » sinistre automobile et de les transmettre à l’assureur à fin de chiffrage.
Réparateurs et experts court-circuités
L’apparition de cette application n’a pas manqué de faire réagir la Fédération nationale de l’automobile (FNA) et plus particulièrement Marie-Françoise Berrodier, présidente de la branche carrosserie, qui s’insurge contre cette nouvelle approche de la gestion d’un sinistre.
« Sous couvert d’accroître la qualité de son service envers ses clients en s’appuyant sur la modernité d’une solution digitale, GAN Assurances bafoue le principe de base d’une réparation automobile de qualité : l’évaluation contradictoire entre le réparateur et l’expert », estime-t-elle.
Pour la FNA, PixAuto court-circuite le réparateur, qui reste in fine responsable de la qualité d’une réparation, et l’expert, qui ne voit même plus le véhicule avant de réaliser le chiffrage de la réparation.
Expertise aléatoire
En effet, dans la pratique, avec PixAuto l’expert réalise un chiffrage sans voir le véhicule, à partir des seules photos prises par le particulier. Il demande ensuite au réparateur de fixer le rendez-vous avec le sinistré et de déclencher la commande des pièces nécessaires à la réparation… Le tout, sans que ni l’expert ni le réparateur aient pu voir préalablement le véhicule !
La FNA se rebelle contre cette approche qui revient, selon elle, d’une part à favoriser une expertise automobile aléatoire – et potentiellement sous-évaluée –, mais aussi à exclure toute expertise contradictoire entre l’expert et le réparateur.
Le syndicat dénonce en outre le fait qu’avec PixAuto les assureurs souhaitent s’approprier l’essentiel de la relation avec le client en reléguant les professionnels au rang de simples sous-traitants condamnés à accepter la seule approche économique d’une réparation.
« PixAuto est un contrefeu à la loi sur le libre choix du réparateur », regrette la Fédération. Elle promet d’alerter toutes les parties prenantes du marché de la réparation-collision pour que cesse ce type d’initiative.