Sur son site de Bassens, près de Bordeaux en Gironde, Michelin a investi dans un démonstrateur permettant de produire du butadiène biosourcé rentrant dans la composition du caoutchouc synthétique.
© Sud Ouest – F. Blasquiez
Le manufacturier français vient d’annoncer la mise en service du premier démonstrateur industriel au monde permettant de produire du butadiène biosourcé, un intermédiaire chimique majeur utilisé dans la fabrication du caoutchouc synthétique destiné à la production de pneus.
Situé sur le site de Michelin à Bassens, près de Bordeaux (33), ce démonstrateur, d'une capacité de production de 25 tonnes par an, est lancé en collaboration avec les centres de recherche IFPEN Energies Nouvelles et le groupe Axens. Ce dernier est spécialisé dans la commercialisation de licences de procédés industriels portant sur des technologies de recyclage chimique des plastiques ou de solutions pour la conversion du pétrole et de la biomasse en carburants plus propres.
Michelin accélère dans la fabrication d’un pneu vert
Le butadiène biosourcé sera produit à partir d'éthanol et non de pétrole fossile comme jusqu'à présent. Celui-ci peut être issu de déchets agricoles (maïs, betteraves) ou de biomasse issue du bois. Michelin espère à l'avenir l'obtenir à partir du captage de CO2 industriel. « Pour Michelin, qui utilise actuellement du butadiène pétro-sourcé pour fabriquer ses caoutchoucs synthétiques, cette avancée constitue une formidable opportunité pour contribuer à l'atteinte de ses objectifs d'intégration de 100 % de matériaux renouvelables ou recyclés dans ses pneus à l'horizon 2050 », a déclaré à l'AFP Eric-Philippe Vinesse, directeur recherche et développement du groupe lors de l'inauguration du démonstrateur.
Bientôt une usine dédiée
Michelin indique avoir atteint actuellement environ 30 % de son objectif grâce à l'utilisation d'hévéas (caoutchouc naturel), et prévoit d'atteindre les 40 % en 2030, en s'appuyant notamment sur une industrialisation de la production de butadiène biosourcé et la construction d'une usine une fois les essais du démonstrateur validés. Favorisant la fin de la dépendance de l'industrie des pneus vis-à-vis du pétrole, le butadiène biosourcé doit aussi concourir à la réduction des émissions de CO2 du groupe. Il doit permettre « d'économiser 1,6 tonne de CO2 par tonne de butadiène produit », estime Jean Sentenac, président-directeur général d'Axens.
Il convient de rappeler que le groupe Michelin s'est fixé pour objectif de diviser par deux ses émissions de CO2 (scope 1 et 2) d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010.
