Fix Auto, la carrosserie qui remet l’humain au centre de l’activité

[Article issu du magazine Décision Atelier n°187, paru en février 2024.]

Ce n’est pas forcément le réseau le plus connu en France mais Fix Auto se présente fièrement comme le « n°1 mondial de la réparation carrosserie automobile.» Il faut dire que la marque créée en 1992 au Québec a tout mangé sur son passage. Avec plus de 250 ateliers, il s’agit ni plus ni moins que du plus important fournisseur de services d’après-vente automobile au Canada. Présents en nombre aux États-Unis, les ateliers Fix Auto trouvent également place au Mexique, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Afrique du Sud, en Australie, en Turquie ou encore en Arabie Saoudite.

C’est d’ailleurs dans ce riche pays du Moyen-Orient que le développement de la marque avance à très grande vitesse. Le plus grand atelier de l’enseigne se trouve dans le quartier d'Al Faisaliah à Riyad, où pas moins de 6 300 m² sont dédiés à l’activité. Et la France dans tout ça ? Fix Auto y est implanté depuis 2007 grâce à l’ancien pilote automobile Olivier Grouillard. Il s’est intéressé à la carrosserie peu après avoir quitté son baquet des 24 Heures du Mans, en 2000 à la suite une quatrième place au volant d’une Courage C52 équipée du moteur V6 Turbo d’origine Peugeot.

Technicien de métier, Olivier Grouillard cherchait alors un moyen de travailler dans un secteur de l’automobile pas encore tout à fait mis au point. « Je ne dis pas que je suis capable de structurer la carrosserie mais c’est, encore aujourd’hui, l’un des rares domaines de l’après-vente qui soit parsemé et où il reste des choses à faire », recontextualise le Toulousain, qui décide d’acheter une carrosserie, puis plusieurs, afin de découvrir et pratiquer le métier depuis le terrain. S’il comptait initialement fonder une enseigne, Olivier Grouillard choisit pourtant de s’attacher à une marque déjà existante. Enseigne déjà incontournable outre-Atlantique, Fix Auto lui semble la mieux appropriée. L’homme d’aujourd’hui 65 ans se différencie des autres responsables nationaux en étant propriétaire de ses carrosseries, quand les Anglais ou les Canadiens optent pour le modèle des franchises.

Des succursales et quelques franchises

Un concept que Fix Auto commencera à intégrer au cours des quatre dernières années, avec désormais six carrosseries adhérentes sur les dix-neuf au total. Tous les nouveaux entrants retirent leur nom d’origine pour adopter celui de l’enseigne et de la ville où ils sont situés. Une manière de montrer leur engagement pour Fix Auto, qui ne gêne aucunement les carrossiers, promet le président. Les adhérents sont à la recherche d’avantages qu’ils n’ont pas forcément ailleurs et cela passe notamment par le fait de les laisser travailler en relative indépendance. S’ils ont bien un cahier des charges à respecter, les adhérents sont par exemple libres de choisir leur fournisseur de peinture. « Nous avons un accord négocié avec Axalta qui nous permet de garantir un niveau de rentabilité avec l’ensemble de leurs gammes, précise Olivier Grouillard. Chacun est libre de faire comme il l’entend, mais le fait qu’on soit en mesure de garantir des méthodes et une rentabilité pure fait que jusqu’à présent, les adhérents suivent nos recommandations. »

Le président n’est pas dans une logique d’expansion comme peut l’être l’enseigne aux États-Unis. Il mise avant tout sur la qualité et la personnalité des candidats, et les refus sont donc nombreux. « Il faut avoir envie de travailler avec des hommes et des femmes passionnés et ambitieux, poursuit-il. On n’est pas dans une dynamique de recrutement massif, je vois des carrossiers qui ne savent pas trop pourquoi ils sont dans un réseau, je ne veux pas de cela. » Remettre l’humain au centre du jeu. Olivier Grouillard insiste sur le fait que chacun peut défendre ses intérêts sans compromettre ceux d’un tiers. Même les blocages parfois récurrents avec des assureurs ou des experts peuvent être solutionnés autour d’une table. « Je pars du principe que nous avons autant besoin des assureurs qu’ils ont besoin de nous, il faut que tout soit équilibré et il n’y a pas de raison de ne pas y arriver », complète l'ancien pilote.

Mentalité héritée de son passé en compétition, le dirigeant laisse sa passion le guider vers des objectifs ambitieux qu’il partage avec Steve Leal, président du Réseau Fix Monde et de ses 2 000 points de services à travers le monde. L’homme originaire de Toronto suit de près le développement de sa marque en France, partageant avec le président ses stratégies établies dans divers pays. « Nous sommes généralement en phase », sourit Olivier Grouillard, qui a eu l’occasion de constater malgré lui que le secteur français de la carrosserie a pris un certain retard depuis une vingtaine d’années. « Il aurait peut-être fallu davantage de modernisation », regrette-t-il. Mais le responsable de Fix Auto France n’en reste pas moins optimiste. « C’est un métier très intéressant dans un marché colossal et avec de l’avenir, il faudrait qu’on parvienne à fluidifier les relations entre les différents parties pour que chacun prenne du plaisir à travailler », poursuit Olivier Grouillard, qui souhaite passer un message positif dans un secteur qui peine notamment au niveau du recrutement.

Promettre un plan de carrière

Pourtant, au même titre que le reste des professionnels, Fix Auto France a connu quelques difficultés après la pandémie. Malgré les reconversions et les départs qui ont touché ses ateliers, l’enseigne est parvenue à recruter sans que la situation soit aussi catastrophique que chez certains confrères. Prenant le problème à l’inverse, Olivier Grouillard rappelle que la première chose à faire est d’essayer de garder son personnel. Les conditions de travail, allant de l’écoute au respect du personnel, en passant évidemment par le salaire, sont essentielles au bon fonctionnement des carrosseries. « Il faut que les candidats nous choisissent et le fait de leur offrir la possibilité d’établir un plan de carrière aide beaucoup », assure l’entrepreneur en rappelant qu’un apprenti peut finir responsable d’atelier. Ancien carrossier et aujourd’hui à la tête d’une multinationale, Steve Leal donne d’ailleurs le bon exemple.

On ne dénombre pas moins de 26 apprentis au sein des treize ateliers appartenant directement à Olivier Grouillard. « Disons que plus ou moins six d’entre eux nous rejoindront en tant qu’employés, ce qui est tout à fait convenable, promet-il, nous avons un travail à faire pour intéresser les jeunes à ce métier mais aussi à les former. » Une problématique particulièrement importante puisqu’à l’instar de nombre de ses confrères, le dirigeant de Fix Auto France remarque avec inquiétude la qualité parfois relative de l’enseignement des jeunes carrossiers. Également « un problème de génération », estime Olivier Grouillard, qui constate que les jeunes d’aujourd’hui ont des attentes souvent différentes qui entraînent des comportements souvent difficiles à comprendre. Mais pas question pour l’ancien pilote de la McLaren F1 GTR du David Price Racing d’être pessimiste. Sans faire de vagues, l’enseigne se porte bien dans l’Hexagone.