La PIEC : cette pièce de rechange déjà utilisée qui mérite davantage de notoriété

La PIEC : cette pièce de rechange déjà utilisée qui mérite davantage de notoriété

Mobilians lance en novembre 2023 son premier baromètre relatif au déploiement de la pièce issue de l’économie circulaire (PIEC).

© Global PRE

Le syndicat Mobilians a publié en ce début novembre son premier baromètre relatif au déploiement de la pièce issue de l’économie circulaire (PIEC) dans les métiers de la réparation automobile. Les résultats montrent une évolution croissante mais aussi un problème de vocable. 

Quelle est la différence entre une pièce automobile de réemploi (PRE), une pièce d’occasion, une pièce manufacturée, reconditionnée et une pièce d’échange standard ? C’est toute la problématique de cette sémantique à laquelle s’attelle Mobilians pour promouvoir les alternatives à la pièce neuve.

Le syndicat des métiers de la distribution et des services de l'automobile est très actif en ce début novembre, avec notamment le lancement d’une campagne de communication autour des métiers de la filière. Au lendemain de cette annonce, Mobilians a organisé un point presse afin de présenter son premier baromètre relatif au déploiement de la pièce issue de l’économie circulaire (PIEC) dans les métiers de la réparation automobile. Car toutes les pièces dont nous parlions précédemment – et dont vous trouverez les définitions en fin d’article – se rejoignent sous la bannière des PIEC.

Ce terme relativement récent a été popularisé lors de la promulgation du décret n° 2016-703 du 30 mai 2016 relatif à l'utilisation de pièces de rechange automobiles issues de l'économie circulaire, en vigueur depuis janvier 2017. Propulsé en partie par la ministre de l’Environnement de l’époque, Ségolène Royal, le texte impose notamment aux réparateurs de proposer systématiquement une PIEC lors de l’établissement des devis de réparation ou d’entretien. Chose surprenante, aucune sanction n'avait été prévue pour ceux qui omettraient de le faire. « Mais ça pourrait bientôt changer », présage Patrick Poincelet, président de la branche Recycleurs chez Mobilians. Présent aux côtés de Julien Dubois – président du métier Remanufacturing –, et de Régis Le Goavec – président des Agents de Marque et Indépendants – dans les bureaux franciliens du syndicat, il alerte sur ce problème de sémantique.

Les réparateurs connaissent la PIEC... sans forcément le savoir

C’est d’ailleurs ce que montre le premier baromètre de Mobilians – réalisé en partenariat avec le GIPA – puisqu’on y apprend que seuls 65 % des réparateurs interrogés savent ou pensent savoir ce que sont les PIEC. « Alors même qu’on pose ces pièces depuis aussi longtemps que je me souvienne, s’étonne l’expérimenté Régis Le Goavec, les termes ont tendance à perdre tout le monde. On ne parlait pas d’économie circulaire à l’époque, d’autant que l’échange standard était perçu comme du neuf. »

Ce problème de vocabulaire est devenu est priorité pour les équipes concernées chez Mobilians. L’étude du GIPA illustre ce propos puisque l’écrasante majorité des 501 réparateurs interrogés en septembre dernier finissaient par comprendre rapidement de quoi il était question.

En septembre 2023, 15,5 % des rapports d’expertise dans la réparation-collision contenaient au moins une PIEC. Une proportion qui a doublé en six ans, selon les statistiques de l’organisme SRA. Si Régis Le Goavec assure que « l’image dégradée de la pièce d’occasion n’apparaît plus tellement » dans les motifs de réticence des professionnels, il n’en reste pas moins qu’ils sont seulement 55 % à être favorables à l’utilisation des PIEC lors d’un remplacement. La fausse perception voulant que leur fiabilité soit compromise persiste encore, tout comme le fait qu’elles ne soient pas sous garantie. « Nous avons un important travail de pédagogie à faire », reconnaît sans détour Julien Dubois, président du métier Remanufacturing, l’une des dernières branches rattachées à Mobilians.

Pas de sanction donc encore peu de proposition systématique

Le parc roulant français tend à être de plus en plus âgé et c’est une aubaine pour la filière. La pièce de réemploi, ou d’occasion, représente en moyenne un tiers du prix du neuf. « Ce sera toujours un complément du neuf car il y a aussi des ruptures de stock, ajoute Patrick Poincelet au nom des recycleurs, nous ne sommes que le reflet de ce qui circule. » Autrement dit, s’il y a beaucoup de chocs avant-gauche, alors il revient plus difficile de trouver des pièces pour cette zone dans les centres VHU (véhicules hors d’usage). Ces derniers disposent par ailleurs d’une certification Qualicert pour attester de leur habilité à mettre sur le marché des pièces de réemploi. C’est la raison pour laquelle toutes les PRE sont garanties.

Le baromètre du GIPA insiste sur une statistique étonnante : seuls 54 % des réparateurs se déclarent concernés par le décret relatif à la pièce de réemploi. Un pourcentage étonnant puisque ce texte de loi est censé les obliger à la proposer. Mais là-encore, sans sanction, difficile de faire évoluer les mentalités. Mobilians reconnaît par ailleurs qu’il reste des ateliers adhérents qui n’affichent pas la documentation relative à la PIEC. Non pas par militantisme, mais simplement parce qu’ils ont suffisamment de démarches administratives à gérer pour forcément penser à celle-ci. Parmi ces « réparateurs concernés », 37 % proposent systématiquement la PIEC comme le veut la loi quand 43 % ne le font qu’à la demande du client. Enfin, bien qu’ils se déclarent concernés, ils sont 20 % à ne jamais la proposer.

Qui mieux que le professionnel pour en être le prescripteur

« Il ne faut pas oublier qu’établir un devis avec des pièces issues de l’économie circulaire, en plus de celui avec du neuf, représente une importante perte de temps pour le professionnel », justifie à demi-mot Régis Le Goavec, qui représente également les carrossiers lors de son allocution. Les outils de chiffrage n’intègrent pas forcément de facilités pour proposer cette double offre. Ce qui implique aux réparateurs de le faire manuellement. « Cela peut prendre une heure et demie », assure-t-il. Recycleur de métier, Patrick Poincelet tient également à montrer une intrigante différence entre les pays. En France, dans la plupart des centres VHU, une quinzaine de pièces sont extraites d’un véhicule afin d’être remises sur le marché, après contrôle et ajustements si nécessaires. Bien moins qu’en Suède, avec 60 pièces en moyenne. Aux Etats-Unis, où la législation en matière de sécurité routière est souvent plus souple, c’est le double.

Le baromètre de Mobilians et du GIPA sur le déploiement de la PIEC en atelier sera désormais publié annuellement. Le syndicat compte également engager une vaste campagne de sensibilisation auprès des professionnels pour les encourager à se tourner vers la pièce de réemploi. Les réparateurs en sont finalement les meilleurs prescripteurs. D’autant qu’en plus du très important argument économique, celui écologique commence à être mis en avant face aux clients. Alors que la conscience environnementale se développe sans cesse, savoir qu’un remplacement permettra de réutiliser une pièce au lieu d’en fabriquer une nouvelle, c’est mieux. « Une voiture peut être jugée économiquement irréparable avec des pièces neuves mais pas avec de la PIEC. C’est un autre argument de taille pour le consommateur final », conclut Régis Le Goavec. Rendez-vous l’année prochaine.

Petit lexique de la PIEC :

  • Pièce issue de l’économie circulaire : une pièce issue de l’économie circulaire (PIEC) provient d’un centre de véhicules hors d’usage (VHU) agréé par l’État ou est remise en état selon les spécifications du fabricant sous l’appellation échange standard. (Définition du ministère de la Transition écologique et solidaire)
  • Pièce de réemploi : composants et éléments qui sont commercialisés par les centres de traitement de véhicules hors d'usage (VHU) agréés […] après avoir été préparés en vue de leur réutilisation au sens des dispositions de l'article L. 541-1-1 de ce code. (Définition issue du décret PIEC)
  • Pièce d’occasion : voire définition « Pièce de réemploi ».
  • Pièce remanufacturée : issue d’un processus industriel rigoureux et standardisé permettant de remettre une pièce ou un produit usagé dans un état de performance et de fonctionnalités équivalent ou même supérieur à celui d’origine et pour un même usage. (Mobilians)
  • Pièce d’échange standard : voire définition « Pièce remanufacturée ».
  • Pièce reconditionnée : « mot grand public popularisé par les spécialistes de la remise en état d’appareils électroniques tels que les smartphones et que la filière automobile ne peut pas ignorer. Néanmoins, il n’est ici pas très clair. » (Julien Dubois) Elle dépend, peu importe sa définition exacte, de la nomenclature PIEC. Comme toutes celles citées précédemment.

 

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