Le contexte économique a été « plus sévère que prévu » pour Bridgestone en 2023

La stratégie de Bridgestone est résolument tournée vers le long terme. Dans le but affiché de « servir la société avec une qualité supérieure », le pneumaticien japonais pense déjà à l’année 2031, qui marquera son centième anniversaire. Mais Bridgestone est encore loin de souffler ses bougies. Il faudra, avant cela, que l’entreprise parvienne à assurer ses arrières lorsque la situation n’est pas au plus rose. C’est en tout cas ce que laissent paraître les résultats financiers publiés mi-février, qui montrent directement l’impact d’un « contexte économique plus sévère que prévu » sur les performances du groupe en 2023.

Baisse de la demande et dévaluation du peso argentin

Dans son document, qui sera étudié le 26 mars prochain lors de l’assemblée générale annuelle de la marque, Bridgestone parle d’un « ralentissement » puis d’un « effondrement de la demande de pneus de remplacement pour poids lourds et bus aux États-Unis comme en Europe. » Ces importantes baisses du volume des ventes à l’échelle mondiale ont conduit l’équipementier à se concentrer sur le segment haut de gamme, assurément mieux rémunérateur. Pour ce qui est des véhicules légers, l’objectif a été de réduire les pertes et de travailler sur les zones non rentables de l’activité, en augmentant notamment les ventes de pneus pour grosses tailles de jantes (18 pouces et plus), dont la demande est restée stable.

Au sujet de l’Europe, Bridgestone parle de difficultés de rentabilité mais également de la « faiblesse des canaux de ventes […] dans un environnement commercial difficile. » Il faudra résoudre rapidement ces problèmes, d’autant plus lorsque d’autres imprévus n’ont pas pu être anticipés par le fabricant. Ainsi, l’élection de l’ultralibéral Javier Milei à la présidence de l’Argentine fin novembre a immédiatement conduit à une politique monétaire drastique. La très forte dévaluation de la monnaie nationale a eu un résultat catastrophique sur le groupe japonais en Amérique du Sud ; ayant également un « impact négatif sur les performances de l’ensemble de l’entreprise. » Il est d’ailleurs impressionnant de constater à quel point cette révision du peso argentin a impacté Bridgestone, qui y fait référence à cinq reprises dans ses résultats.

Chute du cours de l’action à Tokyo

C’est dans ce sens que Bridgestone a constaté un grave manque de réponse lorsque surviennent des changements imprévus. « Il est devenu urgent pour nous de gérer efficacement les indicateurs pour nous adapter rapidement afin d’améliorer la qualité et la rapidité du cycle PDCA », explique la marque en faisant référence à la stratégie de Planifier, Faire, Evaluer et Améliorer. Le groupe japonais se prépare donc à la hausse des coûts des matières premières ainsi que celui de la main-d’œuvre en Europe. Les « vives tensions » dans la mer Rouge devront également être prises en compte, alors que les rebelles Houthis du Yémen continuent de frapper les navires traversant par ce passage clé vers l’Europe.

Les résultats de Bridgestone ne sont pourtant pas si catastrophiques, avec un bénéfice net atteignant 326,9 milliards de yens (environ 2 milliards d'euros), soit une augmentation de + 7 %. Néanmoins, le bénéfice opérationnel ajusté a légèrement diminué (- 0,4 %) pour atteindre 480,6 milliards de yens. Ces chiffres sont donc inférieurs aux objectifs prévus par l’entreprise. La dépréciation du yen a néanmoins eu des effets positifs sur le chiffre d’affaires 2023, qui a augmenté de + 5 % pour atteindre 4 313,8 milliards de yens. Pour l’année en cours, une augmentation de 2,7 % est espérée pour viser 4 430 milliards de yens (environ 27,4 milliards d'euros). La publication des résultats a cependant eu un effet négatif sur l’action de Bridgestone à la Bourse de Tokyo, qui a baissé de 1,65 %, selon les observations de l’AFP.