Mère de la Volkswagen Polo, la méconnue Audi 50 fête ses 50 ans

Avant d’être dérivée dans une version espagnole que l’on connaît sous le nom de Seat Ibiza – modèle qui fête cette année ses quarante ans –, la Volkswagen Polo était elle-même déjà issue d’un autre modèle. Aussi méconnue soit-elle, l’Audi 50 est bien celle qui a donné naissance à la Fourmi. Nous sommes alors à l’été 1974, peu après le premier choc pétrolier de 1973. Les pays exportateurs de pétrole décidèrent de diminuer leur production en réponse à la Guerre du Kippour. L’inflation grimpe en flèche et les automobilistes cherchent des véhicules économes en carburant. Ce sont les grandes heures de la Peugeot 104, de sa cousine la Citroën LNA ou encore de la Renault 4. À l’époque, il n’est même pas imaginable de se tourner vers des modèles électriques lorsque les prix à la pompe deviennent exorbitants.

L’Audi 50, première compacte allemande

Audi avait déjà pour projet de lancer une petite voiture, qui devait initialement servir de remplaçante à la NSU Prinz. La berline Audi 100 et la familiale Audi 80 avaient trouvé leur public. La marque aux quatre anneaux veut alors compléter sa gamme par le bas en proposant un modèle d’entrée de gamme. Si la Prinz fonctionnait par propulsion arrière, le rachat de la marque par Volkswagen – qui la remplacera par Audi – permet de mettre au point une traction avant avec un moteur transversal. « Une voiture contemporaine doit avoir la bonne taille pour les impératifs d'aujourd'hui », précisait le manifeste de conception de l’Audi 50. Grâce au positionnement de son bloc moteur, la citadine offre un bon espace intérieur malgré sa longueur de 3,49 mètres.

L’Audi 50 est présentée à l’été 1974, avant une première commercialisation fixée au 26 octobre de la même année. Son design, marqué par une unique version hayon à deux portes, a été pensé par Hartmut Warkuß, à qui l’on doit également l’Audi 80. L’un des points essentiels de celle que l’on considère aujourd’hui comme la première petite voiture d’un constructeur allemand réside premièrement dans son poids : seulement 685 kilos. Avec un seul moteur d’1,1 litre de cylindrée, l’Audi 50 n’est pas là pour jouer la sportive. Il faut dire qu’avec 50 chevaux pour la 50 LS, et dix de plus pour la 50 GL, on ne peut pas espérer dépasser les 152 km/h. Il faudra attendre 1977 pour que le petit moteur de l’Audi 50 GL soit remplacé par un bloc 1,3 litre, qui développe toujours 60 chevaux mais bénéficie de davantage de couple.

Un modèle mis au rebut par sa quasi jumelle, la Polo

Mais alors, comment se fait-il que la première voiture compacte d’Audi soit aujourd’hui dans l’oubli ? Précisons qu’elle a été marquée par une féroce concurrence… interne au groupe Volkswagen. Contexte pétrolier oblige, la marque allemande songe elle aussi à proposer une voiture accessible et moins gourmande en carburant. Là est le nerf de la guerre à l’époque, alors même que certaines voitures sont commercialisées en fonctionnant à l’essence super – comme la première version de l’Audi 50 GL –, quand d’autres optent pour l’essence classique. Visiblement envieux, Volkswagen décide de lancer sa déclinaison de la « mini Audi » en 1975. Nous sommes alors six mois après le lancement de l’Audi 50, déjà fabriquées à 43 000 exemplaires. C’est ainsi que la Polo voit le jour, avec l’ambition de rafler le marché de l’entrée de gamme mais aussi de tuer indirectement sa cousine.

Si elle est plus longue de deux centimètres, la première Polo se différencie de l’Audi 50 grâce à une variété de moteurs et d’équipements beaucoup plus vaste. Volkswagen veut pousser la logique low-cost encore plus loin, avec un bloc d’entrée de gamme de 0,9 litre de cylindrée, développant environ 40 chevaux. Avec son starter manuel et ses freins à tambours, la Polo est moins chère, et c’est ce qui fait son succès quasi immédiat. Alors même qu’un restylage devait lui être offert dans le but de la rapprocher esthétiquement de l’Audi 80, la carrière de l’Audi 50 est arrêtée à l’été 1978. Au total, 180 828 exemplaires sont sortis des lignes de production de Wolfsburg et de Neckarsulm, l’ancienne usine de NSU. La Polo prendra seule le relais, jusqu’à avoir le succès que nous lui connaissons aujourd’hui.

Audi réussit sur le segment des citadines avec l’A1

C’est une vingtaine d’années plus tard qu’Audi a essayé à nouveau de s’imposer sur le marché de la compacte d’entrée de gamme. Nous sommes alors en 2000 et l’Audi A2 sort d’usine avec une étonnante structure entièrement en aluminium. L’objectif est de l’empêcher d’avoir le moindre souci de corrosion – un problème courant sur l’Audi 50 – mais surtout de trouver un public populaire grâce à des petites motorisations allant de 61 à 110 chevaux. Mais en raison d’un prix de base encore trop élevé, et malgré une fiabilité reconnue pendant toute la durée de sa production, l’Audi A2 est arrêtée en 2005. Il faudra attendre 2010 et le lancement de l’Audi A1 pour que la marque aux quatre anneaux réussisse enfin à s’implanter durablement sur le segment des citadines. Celle-ci est d’ailleurs basée sur la plateforme PQ25 de la… Volkswagen Polo.

L’Audi 50 est presque introuvable aujourd’hui

Ancêtre de la Polo et première petite voiture allemande, l’Audi 50 est aujourd’hui un modèle recherché des collectionneurs. Il faut dire qu’elle est devenue particulièrement rare, la faute à une carrosserie et un soubassement violemment touchés par la rouille. Si le petit moteur d’1,1 litre – comme celui d’1,3 litre – est robuste et facile à entretenir, ce n’est pas le cas de sa caisse souvent fabriquée avec de la tôle d’acier recyclé, dont la forte teneur en cuivre favorisait la corrosion intergranulaire. Malgré ses 180 000 exemplaires produits, l’Audi 50 est depuis de nombreuses années très difficile à trouver. Lors de ses quelques apparitions sur des marketplaces françaises, elle s’affichait entre 5 000 et 10 000 euros. Soit un prix supérieur à celui de la Volkswagen Polo Mk1. Comme quoi, les choses n’ont pas tant changé en cinquante ans.