Selon une étude, l'usure des pneus émettrait plus de 2 000 fois plus de particules fines que les pots d'échappement.
© Michelin
En complément de la norme Euro 7 qui s’attaque aux particules fines liées à l’usure des pneumatiques, Michelin lance ses propres études afin de mieux comprendre cette pollution. L'objectif est double : limiter l’érosion et rendre les rejets de particules bio-assimilables pour le bien de la planète mais aussi pour contrer la concurrence.
Alors que l’Europe s’attaque aux effets néfastes de l’abrasion des pneumatiques, notamment avec la norme Euro 7, Michelin souhaite approfondir sa connaissance dans ce domaine. Le fabricant, dont on pensait qu’il savait tout dans ce domaine, indique avoir mis au point le système « Sample » d’analyse des particules émises.
« De nombreuses questions demeurent s’agissant des particules d’usure de pneus et de route. C’est pourquoi, s’appuyer sur des mesures fiables, reproductibles et normées est essentiel et sera une étape fondamentale pour mieux comprendre l’impact environnemental de ces particules d’usure pour innover et concevoir de nouvelles solutions », explique l’industriel.
Précisément, le dispositif permet de capturer, trier, compter et qualifier les particules au plus près des pneus. Les premiers résultats montrent que les particules d’usure sont en moyenne du diamètre d’un cheveu humain et forment un mélange composé à parts égales de gomme de pneu et de minéraux, voire d’autres éléments de la route. Parmi les particules émises, susceptibles de se retrouver en suspension dans l’air, en moyenne 1,3 % sont des PM10 (particules dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres) et 0,16 % des PM2.5.
Michelin a mis à disposition de l’industrie du pneumatique et de l’ETRMA (European Tyre & Rubber Manufacturers’ Association) ce système d’analyse. L’ETRMA mènera une campagne de mesures à plus grande échelle avec l’aide d’un organisme indépendant. Elle sera lancée courant 2024 pour une durée de 18 mois environ.
La démarche de Michelin vient en complément de la norme Euro 7
La norme Euro 7 qui vient d’être adoptée par la Commission européenne va permettre de définir prochainement des seuils réglementaires d’abrasion des pneus afin d’abaisser les quantités de particules. Cette réglementation s’appuie sur sa propre méthode de test permettant de quantifier, en termes de gramme/km/tonne portée, l’ensemble des particules d’usure issues des pneus et de la route. Elle permet de mesurer les émissions globales à très grande échelle, pour l’ensemble des pneus du marché. Ceux qui ne répondront pas à cette norme ne pourront plus être commercialisés.
Michelin, très favorable à cette règlementation, s’inscrit dans une démarche complémentaire en accélérant sur sa compréhension du sujet. Le fabricant français, dont la longévité des pneus est reconnue, et qui se heurte à la concurrence des pneus à bas coût, souvent asiatiques, est engagé depuis près de 20 ans dans la réduction de l’abrasion et la recherche sur les particules d’usure. Cette politique a permis de réduire de 5 % les émissions d’usure de ses pneus.
Fin 2023, le groupe a annoncé la création d’un laboratoire commun avec le CNRS et l’Université Clermont Auvergne : « BioDLab ». Il a pour mission de comprendre la biodégradation des particules d’usure puis de développer des outils permettant de trouver des solutions concrètes pour les rendre bio-assimilables par l’environnement.
